Béatrice Schmidt, sa présidente directrice générale, raconte comment EFI Automotive a su se renouveler tout en restant fidèle à ses racines et à ses valeurs. L’entreprise négocie actuellement, tant dans ses déve- loppements et ses produits que ses process, le tournant de l’électronique et de l’électrification. Et s’attache à placer femmes et hommes de l’entreprise au cœur de cette transformation.
Préserver la culture d’une entreprise familiale créée il y a 85 ans, assurer le renouvellement des générations et l’évolution vers des produits à tou- jours plus haute valeur ajoutée pour les clients : plus qu’une mission, voici ce qu’incarne la présidente directrice générale d’EFI. Béatrice Schmidt fait partie de la quatrième génération de la famille fondatrice de Electricfil, et son père, Patrick Thollin, observe désormais l’entreprise familiale en tant que président du conseil de surveillance. Cette transition douce s’appuie sur le parcours réalisé par Béatrice Schmidt dans l’industrie : Valeo Distribution puis Somfy en Allemagne dans des fonctions marketing et commerce, avant Automotive Lighting à Stuttgart où, durant six ans, elle gère le compte client Renault. « Au fil des années, la question de mon intégration dans l’entreprise familiale se posait avec une intensité de plus en plus marquée. J’y ai répondu de manière positive », com- mente Béatrice Schmidt. Et cette intégration s’effectuera en… Allemagne, au sein du bureau local d’EFI Automotive en charge des clients locaux. Succès et croissance de l’activité aidant, Béatrice Schmidt prendra la tête du bureau allemand d’EFI Automotive.
Forte de cette réussite, c’est tout naturellement qu’elle enchaînera avec la direction de l’entreprise familiale. Celle-ci a su parcourir un chemin comparable depuis la fabrication du fil avec gaine en tissu destiné aux fers à repasser Calor. L’entreprise s’est ensuite tournée vers les produits électriques tels les faisceaux d’allumage puis des systèmes à plus forte valeur. « Techniquement, le bobinage est le socle sur lequel l’entreprise s’est appuyée pour développer de nombreuses compétences », souligne Béatrice Schmidt. Et l’évolution de ces savoir-faire a entraîné un fort développement de la gamme de capteurs de position et de mouvement, ainsi que de leurs applications. Grâce à cette offre de capteurs, EFI Automotive a, depuis une dizaine d’an- nées, étendu ses produits au domaine des actionneurs. Et les résultats ne se sont pas fait attendre avec des actionneurs destinés à un module de gestion thermique chez Mann et Hummel ou, depuis deux ans, des actionneurs de frein de parking pour véhicules électriques et hybrides rechargeables. « Cela nous a demandé d’accroître nos compétences tant en développement qu’en production », indique la présidente. Depuis une dizaine d’années, les technologies utilisent des systèmes à base d’ASIC et 70 % des nouveaux produits sont certifiés ISO 26262. Pour cela, EFI Automotive dispose, à Beynost, dans la région lyonnaise, d’un centre de compétences dans les domaines électrotechnique et électronique regroupant 150 ingénieurs et techniciens. « Ils sont au cœur de notre démarche d’innovation et génèrent une part majeure de nos brevets et de la valeur de l’entreprise. Nous étions déjà sur cette voie-là, mais l’écoute de nos clients nous a définitivement persuadés d’accélérer la création de valeur ajoutée pour ré- pondre à leurs demandes ». Cela s’est notamment traduit tout récemment par le développement d’un capteur de mesure de la rotation d’un moteur électrique pour le groupe Volkswagen. EFI Automotive a su saisir le tournant de l’électrification des véhicules et la part croissante de systèmes électro- niques. L’entreprise vient d’ailleurs d’embaucher six nouveaux ingénieurs spécialisés en logiciels et maîtrisant l’ISO 26262. Autre atout, ce tournant technologique s’appuie également sur les compétences en place. « Je trouve très intéressant d’observer que les compétences s’agrègent pour écrire une nouvelle histoire », souligne Béatrice Schmidt.
Ainsi, EFI Automotive met actuellement sur pied une cellule de recherche dans le domaine du logiciel. De même EFI Automotive a mis en place, sur son site de Beynost, un accélérateur industriel, dénommé Axandus, spécialisé dans la mécatronique et les systèmes embarqués. Il fédère un certain nombre de start-up, exerçant notamment dans le domaine de l’intelligence artificielle. « En règle générale, les start-up viennent vers nous avec des enjeux de design-to-cost et d’accès au marché automobile. »
Dans le domaine de la production également, l’évolution est majeure et concerne à la fois l’organisation et les compétences. L’entreprise a transformé sa vision au cours des dernières années, en mettant en place des lignes de production plus flexibles, communes à de nombreux produits et clients, avec des étapes de personnalisation en fin de process. Et, complète Béatrice Schmidt, « Nous avons lancé l’an dernier un projet de digitalisation des lignes de production. Cela change profondément la manière de concevoir les lignes. Celles-ci deviennent forte- ment modulaire pour répondre à la variation des volumes. » Il s’agit d’améliorer le flux pour réduire le temps de mise à disposition du produit. Actuellement, les lignes, en fonction des produits et des étapes du process, comprennent à la fois des cellules en U (de 1 à 3 personnes selon les volumes), des tronçons linéaires pour les moyennes séries à process standardisé, ainsi que des robots pour des volumes importants ou des opérations spécifiques.
« Les métiers changent. Les opérateurs surveillent les automatismes mis en place et réalisent plus du pilotage de ligne que de la manutention comme auparavant », précise Béatrice Schmidt.
En ce qui concerne l’efficacité de la production, EFI Automotive a relancé depuis un an un chantier Lean Production. « Nous étions forts et performants dans ce domaine il y a dix ans, mais au fil du temps, nous avons perdu les pratiques », admet la présidente. Pour cela, l’entreprise a mis en place une démarche dite « EFI Way » afin que l’ensemble des acteurs de la production soient « propriétaires et acteurs du Lean ». « Une telle vision concerne également les cadres et la direction. » Enfin, Béatrice Schmidt se réjouit de l’intérêt grandissant des femmes pour les métiers industriels : « Dans l’industrie, la complémentarité hommes/ femmes est riche. Dans tous les domaines, production, commerce, marketing, j’encourage les femmes à venir travailler dans les entreprises industrielles. »
Bertrand Gay
source : revue Ingénieurs de l’auto de Mars 2021